POM est l’acronyme de Peace of Mind. Cette start-up anversoise, créée en 2014, a pourtant connu quelques moments stressants. Pour traverser ces épreuves, une bonne équipe aux manettes et des business angels qui savent écouter, conseiller, encourager sont des atouts-clés. Johannes Vermeire (CEO de POM) et son business angel, Jean-Marc Toussaint, membre de BeAngels, reviennent sur ces six années d’aventures qui subitement augurent d’un avenir prometteur.
BeAngels - POM, qu’est-ce que c’est ?
Johannes Vermeire : POM, tout d’abord est l’abréviation de « Peace of Mind ». Grâce à notre solution de paiement, nous soulageons nos utilisateurs des frustrations liées à la gestion de leurs factures. Nous leur offrons donc de la tranquillité d’esprit. Par ailleurs, nous offrons à nos clients, qu’ils soient des organismes publics ou des entreprises privées, un moyen efficace et user friendly, d’améliorer leurs flux de facturation.
Comment l’aventure a-t-elle démarré ?
Johannes Vermeire (CEO de POM) : Lorsque nous avons lancé POM en août 2014, c’était la grande mode des applications mobiles. Notre ambition était de lancer une app qui permettait de recevoir, payer, partager, archiver tout type de factures, qu’elles soient en version imprimée ou électronique. Nous voulions proposer une solution tellement utile que tout le monde la voudrait. Par contre, cela n’a a été si simple…
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Johannes Vermeire : Cela a pris du temps pour intéresser les grands comptes (Proximus, Engie…). A l’époque, nous n’avions pas de masse critique suffisante d’utilisateurs finaux. Pour qu’une solution comme la nôtre les intéresse, nous avions besoin de recruter au moins 5% de leur clientèle. Pour une société comme Proximus, cela représente entre 150 000 – et 300 000 utilisateurs). C’était énorme pour nous à l’époque.
Quand le vent a-t-il tourné ?
Johannes Vermeire : En 2017, nous avons participé à un appel d’offres pour la gestion des factures de Luminus et nous l’avons gagné. Cela nous a permis de faire nos preuves, de recruter de nouveaux utilisateurs finaux et donc d’attirer d’autres clients. Nous avons fait évoluer notre outil de paiement. Il n’était plus uniquement basé sur l’application mobile mais nous avons facilité le paiement par email, par sms… Aujourd’hui, 90% des paiements que nous traitons se font via email. L’impact sur notre croissance a été immédiat : +300% de transactions réalisées à partir de POM en un an. En termes d’affaires, cela fait deux années d’affilée que nous doublons nos résultats. Aujourd’hui, nous avons tous types de clients : hôpitaux, écoles, secrétariats sociaux, opérateurs téléphoniques, SPF, des villes, des ONG…et nous sommes encore en discussion avec de nombreux autres organismes qui devraient contribuer à faire grandir encore ce volume.
Comment s’est passée votre rencontre ?
Jean-Marc Toussaint : POM a été lancé par 4 partenaires. Deux individus et deux sociétés dont B2Boost. Le CEO de B2Boost m’a présenté à Johannes. A l’époque, en 2015, POM cherchait à ouvrir son capital à d’autres investisseurs que les fondateurs. J’ai été séduit par le potentiel du projet et sa vision mais également par la personnalité de Johannes, très pragmatique et très facile d’accès. Nous sommes tous les deux entrepreneurs dans l’âme, nous avons les mêmes préoccupations, ce qui permet de se comprendre très facilement.
Qu’est-ce que vous appréciez chez Jean-Marc ?
Johannes Vermeire : Son enthousiasme. Jean-Marc a un vrai drive, une vraie motivation. Presque plus que moi ! (rires). Il nous supporte, nous écoute nous fait confiance. Il n’est pas sur notre dos lorsque que les chiffres ne sont pas aussi élevés que prévus le mois précédent.
Comment Jean-Marc contribue-t-il à votre projet ?
Johannes Vermeire : En dehors de son investissement financier et de ses conseils qu’il partage durant les conseils d’administration et les comités stratégiques auxquels il participe activement, Jean-Marc contribue au projet grâce à ses compétences spécifiques en analyse de données. Ce qui représente une piste de croissance supplémentaire potentielle pour POM : en analysant les données brassées par notre outil, nous pouvons potentiellement déceler de nouveaux axes de revenus : une dimension communautaire par exemple, ou la revente de données à des tiers.
Jean-Marc Toussaint : Notre rôle en tant que business angel est d’aider des start-ups comme POM à grandir. Si on décèle un potentiel dans l’exploitation des données, c’est à nous d’accompagner le projet pour développer celui-ci.
Comment s’est passé votre levée de fonds ?
Johannes Vermeire : En 2018, nous avons organisé une levée de fonds de près de 900 000 euros via les réseaux de BeAngels et de BAN Vlaanderen. Par contre, en pleine levée de fonds, la banque nationale a annoncé que des transactions illégales passaient par notre application. Cela ne représentait qu’un volume marginal mais le reproche qui nous était fait portait sur le fait que les sociétés qui passaient par l’app pour générer des paiements n’étaient pas en contrat avec nous. C’est rentré dans l’ordre très rapidement mais cela n’a pas aidé (rires). Au final, cela n’a pas eu d’impact sur notre business ou notre levée de fonds. Je pense grâce à une bonne communication de notre part.
Comment réagit un business angel quand les affaires ne vont pas aussi bien qu’on l’espérait ?
Jean-Marc Toussaint : Toutes les start-ups rencontrent leur lot de petits problèmes inattendus. Un business angel peut apporter le recul qui manque parfois à un entrepreneur qui peut avoir le nez dans la gestion opérationnelle. Parfois, le simple fait de poser des questions simples, voire naïves, permet de révéler des pistes de solution. Quand se posent des questions plus spécifiques, je peux également faire appel aux 350 membres du réseau BeAngels qui peuvent apporter une contribution précieuse.
Enfin, quand les temps sont durs, cela peut éventuellement passer également par des prêts convertibles pour gagner un peu de temps et mettre de côté temporairement les questions de trésorerie pour se concentrer sur les solutions à trouver.
Où en est actuellement POM dans son développement ?
Aujourd’hui, nous avons pu créer environ 1.000.000 de liens uniques entre des émetteurs de factures et des utilisateurs finaux. Cela signifie que nous sommes présents dans environ 500.000 foyers belges. Aujourd’hui, il est plus facile – grâce à cette base solide d’utilisateurs – de convaincre d’autres émetteurs de faire appel à nous pour le paiement de leurs factures. Nous sommes entrés dans un cercle vertueux.
Quelle la prochaine étape pour POM en termes d’investissements.
Jean-Marc Toussaint : Petit à petit, POM a trouvé son marché. Nous pensons que le moment va être propice pour reprendre contact avec BeAngels dans l’optique de faire appel au fonds ScaleFund qui permet de financer des projets de start-up en phase de croissance.
Quand sait-on que l’on est prêt à passer en mode scale-up ?
Johannes Vermeire - Soudainement, on sent que c’est le bon moment. Premièrement, nous voyons que notre business model fonctionne. Ensuite, 80% des ventes sont consécutives à des demandes spontanées de nos clients. Enfin, on remarque que nos partenaires commencent à nous amener des opportunités commerciales sérieuses. Tous les signaux sont donc au vert. Ce n’était pas le cas il y a six mois.
Quelles sont les implications de passer en mode scale-up ?
Johannes Vermeire - Pour financer la croissance dont POM a besoin, il faut disposer de fonds complémentaires pour engager une équipe commerciale de 4-5 personnes, financer du développement supplémentaire mais également identifier des partenaires externes permettant de faire de la vente croisée de services susceptibles de générer des revenus supplémentaires.
Johannes, sans Jean-Marc, les choses seraient moins…
Johannes Vermeire : Moins dynamiques (rires) ! Je me sentirais un peu plus seul également. Avec lui, je sais que je peux brainstormer car il est très créatif.
Johannes, classez ces atouts traditionnels d’un business angel : « Capital », « compétence », « réseau »
Johannes Vermeire : « Compétences » en premier parce que Jean-Marc nous aide beaucoup avec ses conseils. Ensuite, « réseau » parce qu’il a été un très bon ambassadeur auprès des autres investisseurs de BeAngels et enfin, naturellement « Capital », qui reste bien entendu essentiel.
Comment envisagez-vous un éventuel exit ?
Jean-Marc Toussaint : A partir du moment où POM a atteint un certain niveau de maturité qui lui permet d’atteindre une nouvelle étape, une sortie de capital peut avoir lieu ou pas. Le rôle de business angel est d’accompagner les entrepreneurs dans une phase d’amorçage et éventuellement dans une deuxième phase. A partir du moment où l’entreprise atteint l’équilibre financier, qu’elle a trouvé son marché et qu’elle envisage de grandir encore, notamment à l’étranger, ce n’est pas nécessairement le rôle d’un business angel d’accompagner cette nouvelle étape.
Notre rôle aujourd’hui est donc plutôt d’aider Johannes à valoriser au mieux sa société et à choisir les partenaires financiers qui vont lui permettre de faire grandir son projet dans de bonnes conditions. Si on est toujours dans l’aventure par la suite tant mieux, si l’arrivée de nouveaux investisseurs bien plus « gros » que nous (fonds d’investissement, venture capitalists…) nécessite que nous sortions du capital, tant mieux pour POM également pour Johannes. Cela voudra dire qu’il aura trouvé des partenaires financiers solides pour l’aider à grandir. Mais je suis convaincu que nos relations perdureront…