Ingérieur civil spécialisé dans le construction de centrales électriques depuis 30, Eric Randoux a beaucoup voyagé. A son retour en Belgique, il a décidé de devenir business angel.
Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel ?
Je suis ingénieur civil de formation et cela fait maintenant 30 ans que je construis des centrales électriques. Pendant une vingtaine d’années, j’ai travaillé pour de grands groupes tels que Tractebel, HP ou encore le français Cegelec, au sein duquel j’ai été associé au LMBO. La société a fini par être rachetée et je suis sorti du capital. De retour en Belgique, j’ai repris la société belge IMM, spécialisée dans la construction de centrales électriques thermiques, hydrauliques et solaires en Afrique. La reprise de cette société a été un tournant dans ma vie professionnelle car j’en suis devenu le CEO.
Comment as-tu eu connaissance de l’activité de business angel ?
De la manière la plus simple qui soit : via un post d’une de mes connaissances sur LinkedIn ! Fabrice Goffinet recherchait de nouveaux participants pour compléter son groupe d’investissement BAC12. J’ai directement été intéressé, car cela faisait depuis un petit temps que je considérais l’idée d’investir dans des startups.
Qu’est-ce qui t’a intéressé dans cette activité ?
En tant que patron de PME que je suis, je trouve qu’on peut vite se sentir seul et coupé du monde. Dans mon cas, mes clients sont tous sur le continent africain, loin de moi. C’est difficile de les rencontrer autrement qu’en ligne. Résultat, je n’ai que peu de contact en face à face, excepté avec ma propre équipe qui est composée d’une trentaine de personnes. Chez BeAngels je découvre autre chose, je rencontre des entrepreneurs, des investisseurs … ce sont ces aspects-là qui m’intéressaient.
Quels sont les avantages à rejoindre un groupe d’investissement ?
C’est beaucoup plus facile pour s’intégrer et rencontrer d’autres investisseurs du réseau. Tu y apprends l’humilité, car il y a tellement de projets qui sont présentés dans des secteurs et des domaines différents ! En outre, évaluer un projet sous tous ses aspects en très peu de temps, cela s’apprend. La formation dispensée au cours des BAC, ainsi que la guidance et l’expérience des coachs sont extrêmement précieux. La présence de talents très différents au sein du groupe permet également de prendre des décisions plus éclairées.
Qu’est-ce que cette activité t’apporte ?
C’est l’énergie des gens que je rencontre qui m’apporte le plus, et puis seulement l’aspect financier. Je ne suis cependant pas tout à fait du même avis que mon camarade de BAC Benjamin Tillier, qui confiait dans une de vos interviews qu’il préférait se dire que l’argent investi dans les startups était peut-être totalement perdu, que c’était le prix de l’expérience. Pour ma part, j’estime que mon argent n’est pas perdu. Mais il faut être conscient qu’un risque réel existe... C’est la raison pour laquelle je n’investis pas plus de 5 à 10% de mon patrimoine dans ce type d’investissement.
Que penses-tu apporter aux startups ?
En fonction du domaine de la startup, on se repose sur ceux qui ont des compétences dans notre groupe d’investisseurs, composé de 20 personnes. Outre cet aspect, il n’y a pas mal d’entrepreneurs qui ont peu d’expérience et qui ne sont pas encore très structurés. On tente de les aider en leur posant les bonnes questions… quand on a le nez dans le guidon, c’est très difficile de relever la tête.
Être business angel sans investir des sommes astronomiques, c’est possible ?
Je ne suis pas sûr qu’il faille beaucoup d’argent pour investir. L’image du business angel tel un vieil héritier, est dépassée. J’en suis aujourd’hui convaincu mais c’était une de mes craintes en rejoignant le réseau. En pratiquant, j’ai réalisé qu’être business angel nécessite une certaine démarche et un effort de s’intéresser aux entrepreneurs. Il faut dans un premier temps regarder l’équipe, leurs compétences, s’ils ont la niaque, etc. Par après il faut s’attarder sur le marché, le business model… c’est une démarche bien différente que de celle de mettre de l’argent à placer dans une banque privée ! Dans les deux cas, il faut attendre que l’argent fructifie, mais le retour d’énergie avec le business angeling est fantastique.
Tu investis en tant que business angel mais tu as également investi dans le fonds d’investissement ScaleFund. Quelle est la différence ?
En tant que business angel je suis un investisseur actif, je m’intéresse aux projets et je passe du temps pour essayer de comprendre ce qu’ils proposent. Avec le fonds d’investissement, je m’informe des derniers investissements et je vois l’évolution des différents business model. C’est beaucoup plus passif ! C’est donc très différent, mais également intéressant. J’ai cependant une préférence pour l’activité de business angel que je trouve plus stimulante.
Quel intérêt pour un entrepreneur de se tourner vers un business angel ?
Quand les banques décident de ne pas prêter, il faut se tourner vers d’autres acteurs, comme les business angels. Non seulement ils prêtent de l’argent, mais en plus ils ont ce qu’on appelle le côté « smart », qui pour moi est beaucoup plus intéressant que l’aspect « money ». Ils font bénéficier les startups de leurs compétences pour les aider dans leur croissance et ça, trop peu d’entrepreneurs le savent.
Les entrepreneurs ont-ils une mauvaise image des business angels ?
La boîte est le bébé du fondateur, et beaucoup pensent qu’ils vont perdre les rênes de leur projet en cas d’investissement de la part des business angels. À tort ! Le business angel veut aider l’entrepreneur, pas lui voler son bébé. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’un business angel n’a pas pour vocation de rester dans l’entreprise, mais a un objectif de sortie...
Pourquoi devenir business angel ?
Ça redonne confiance en l’avenir. Je reste épaté de voir le nombre de gens qui lancent leur projet, qui prennent des risques. Outre le montant qu’ils demandent, ils exposent une solution à un problème. C’est très enthousiasmant. Je trouve que plus de personnes devraient se lancer en tant que business angel malgré le fait que cette activité est fort méconnue. Il ne faut pas le voir comme une occupation de fin de parcours, mais une activité qui permet de rester actif !
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