BeAngels met en avant tous les mois, un membre ayant rejoint le réseau BeAngels. Et pour ce mois de Janvier, nous nous sommes entretenus avec Jeremy Thomas, founding brother of Evenisto & co-founder of Smart Ventures. Il nous a raconté son parcours et ce qu'il l'a attiré à devenir Business Angel.
Il adore contribuer à de nouvelles expériences et accompagner dans le développement stratégique, il s'est donc lancé dans l'activité de Business Angel depuis maintenant 3 ans.
Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel ?
J’ai étudié le graphisme et le web design et c’est de là que j’ai commencé à créer des interfaces. Au fur et à mesure du temps, je me suis rendu compte de l’importance de la stratégie dans la vie professionnelle. J’ai travaillé dans de grandes sociétés telles que Deloitte, Publicis Groupe et en 2020, j’ai décidé de quitter le milieu de l’agence pour lancer Evenisto. Étant issu d’une famille d’entrepreneurs, on peut dire que j’ai en quelque sorte cela dans le sang !
Après mon expérience en agences, j’ai voulu lancer une solution d’automatisation des process événementiels, telle une approche d“event-as-a-service” C’était sans savoir que le Covid allait venir tout chambouler… Les investisseurs ont préféré attendre, mais moi, je ne pouvais pas. J’ai donc lancé Orkid Lab dans le but d’accompagner des entrepreneurs dans leurs challenges stratégiques. Après quelques mois, l’idée de développer nos propres solutions devenait grandissante. J’ai donc créé en parallèle Evenisto avec ma sœur, une startup qui fait la promotion d'espaces inoccupés à la recherche de solutions temporaires d'occupation (promoteur immobilier en attente de permis par ex) d'une part et de projets éphémères d'autre part. Avec la notion de générateur valeurs comme dénominateur commun. Liant ainsi une solution temporaire au projet final. En effet, nous accompagnons les porteurs de projets (pop-ups horeca / commerces, concepts artistiques, espaces co-working, etc) dans leurs différents challenges (légal, marketing, finance, ...).
Comment as-tu eu connaissance de l’activité de business angel ?
J’avais déjà entendu parler de BeAngels auparavant, mais c’est en pleine pandémie que je suis devenu membre. Pendant la crise sanitaire, j’avais besoin de bouger. Je trouvais que c’était une belle opportunité de diversifier mes activités et de rencontrer de nouvelles personnes. J’ai intégré un groupe avec lequel j’ai pu effectuer mes premiers investissements pour un total de 15k€. Cela m’a permis de découvrir ce qu’il faut faire (et ne pas faire) en tant que business angel. Vu que nous étions plusieurs à avoir réellement apprécié l’expérience de groupe, nous avons créé par après, et via BeAngels, notre propre fonds d’investissements « Smart Ventures ». A la différence que de la première expérience, nous n’avons plus d’encadrement. Nous sommes une petite dizaine à investir et les projets peuvent être issus du deal flow BeAngels, ou non.
Comment sélectionnes-tu les projets dans lesquels tu investis ?
Je sélectionne en fonction des entrepreneurs et des affinités sectorielles. Là, où je sais que je pourrais avoir une valeur ajoutée. Il y a plus de chance que j’investisse dans des entrepreneurs qui ont un projet moins impressionnant, mais avec qui le courant passe bien, plutôt que dans un projet d’entrepreneurs qui ont une idée de génie, mais avec qui la relation est plus complexe. Si je n’ai pas de relationnel ou d’émotionnel, je n’y vais pas car je suis très concentré sur l’humain. J’irai même plus loin en disant qu’avant le market fit, il faut trouver le founders fit : les fondateurs doivent être à l’aise avec le marché qu’ils visent. C’est pourquoi les investisseurs se doivent de se mettre au service des entrepreneurs et non l’inverse.
Quelle est ton implication en tant que business angel ?
Personnellement, j’adore contribuer aux expériences nouvelles et accompagner les entrepreneurs dans leurs challenges stratégiques. Designer une roadmap visionnaire par exemple. C’est-à-dire, définir avec l’entrepreneur la situation actuelle et ce vers quoi il veut arriver, étape par étape. Je n’accorde pas réellement d’importance à siéger à un Conseil d’Administration. En revanche j’aime mettre en place des comités stratégiques qui rapportent au CA. J’apprécie assez bien le fait d’être « le liant » entre l’entrepreneur et l’investisseur, comme j’ai la double casquette.
Pourquoi cette activité t’attire ?
Nous sommes à l’aube d’une révolution, à bien des niveaux. Quand on regarde le web 3.0, la blockchain… c’est un joyeux bordel et il n’y a pas de réflexion plus poussée que ça. Les choses vont évoluer, et selon moi, dans le bon sens. Au niveau de l’entrepreneuriat, cela va ouvrir des champs. Mon rôle de business angel va lui aussi certainement évoluer en fonction des tendances qui vont se développer ! Cela attise ma curiosité à bien des égards. De même que j’adore découvrir de nouveaux secteurs. La base de la créativité repose sur deux additions : l’imagination et la curiosité. Un doux mélange entre rêve et réalité. C’est ça qui m’attire en tant que business angel.
Quel est selon toi un des enjeux dans le milieu entrepreneurial ?
Aujourd’hui on parle beaucoup de diversité au niveau du contenu, mais on devrait ouvrir davantage la diversité au niveau de l’âge. On attribue presque systématiquement les startups à des plus jeunes. Mais il y a des plus âgés et il en faudrait d’ailleurs plus ! L'entrepreneuriat se doit d’être intergénérationnel. Mais attention, n’est pas entrepreneur qui veut. Il faut accepter de se nourrir des expériences des autres et ainsi faire le bon filtre pour soi.
Que penses-tu apporter en tant que business angel ?
C’est surtout le partage d’expérience dans ce que je connais, à savoir la communication, le marketing et le go to market. Je suis plutôt quelqu’un qui voit des solutions là où d’autres voient des problèmes. J’aime également apporter mon aide aux entrepreneurs lorsque la due dilligence traîne trop, simplement parce qu’ils ne sont pas familiers avec les levées de fonds. Mais l’aide n’est pas à sens unique. Grâce aux entrepreneurs j’apprends moi-même énormément de choses, sur bien des aspects aussi divers que variés.
Quand est-ce que le feu passe au vert pour investir ?
On dit souvent que la première impression est la bonne. Pour ma part, je sais si je vais aller plus loin dans les discussions après 30 secondes de pitch. Je ne lis que très rarement à l’avance les fiches détaillées des projets qui vont se présenter au Forum, je m’y rends sans aucune attente. Après, il est sûr que les réunions post pitch avec les entrepreneurs vont être déterminantes pour clôturer le deal.
Que dirais-tu aux personnes qui considèrent l’idée de devenir business angel, mais ne franchissent pas le pas ?
Il y a une célèbre citation d’Oscar Wilde qui dit « Le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder ». Si on hésite, c’est qu’on a envie à la base. Alors il faut se lancer ! Même si je nuancerais mon propos en précisant que ce n’est pas donné à tout le monde de devenir business angel. J’encourage tous ceux et celles qui ont envie de passer le cap de bien mesurer le capital « risque » et de prendre conscience qu’être un investisseur actif signifie qu’on prend un risque financièrement, mais qu’il faudra investir également un petit peu de son temps et de son énergie. Et puis si ça se plante, il faut relativiser ! Vu l’état des marchés, je pense qu’on prendra moins de risques à investir dans de jeunes startups avec haut potentiel que dans d’autres classes d’actifs.