Quand il est arrivé en Belgique, Houman n'avait rien. Il a dû travailler pour vivre. Après avoir acquis de l'expérience dans différentes entreprises, il a crée sa propre société qu'il finit par revendre à la banque Degroof Petercam. Maintenant qu'il a plus de temps pour lui, il découvre l'activité de business angel. Voici l'histoire de Houman Pakneshan.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?
J’ai un parcours assez atypique, comme beaucoup d’autres choses chez moi (rires) ! Je suis réfugié politique iranien. Mes parents m’ont envoyé en Europe pour apprendre le français, mais j’ai dû rentrer, car la révolution iranienne sévissait et nous n’avions plus d’argent. Mon père a dû s’enfuir et moi je suis resté coincé là-bas. Trois ans plus tard, j’ai pu revenir en Europe. Cette seconde expérience sur le territoire européen a toutefois été très différente de la première. Quand tu es un réfugié, tu entres dans un système qui n’a pas besoin de toi et tu n’as aucun support : aucun ami, tu ne connais rien… j’ai dû bosser pour vivre. Ça m'a forgé pour la suite.
Quelle formation as-tu suivie ?
Quand je suis arrivé en Belgique, je n’avais pas de diplôme et je n’en avais pas envie. C’est mon père qui m’a poussé à ce que je suive des études. Pourtant, une fois que je m’y
suis mis, j’ai aimé ça et je n’ai jamais pu m’arrêter (sourire). J’ai dans un premier temps étudié le marketing et puis la finance.
Quelles ont été tes différentes expériences professionnelles ?
Alors que j’étudiais encore le marketing, j’ai eu la chance de commencer dans une startup -bien avant que ce soit à la mode- qui distribuait, , de la musique classique. La boîte grandissait à une vitesse extraordinaire, mais nous étions constamment sans argent, car tout était réinvesti dans la croissance. C’était une très belle expérience où j’ai beaucoup appris. Par la suite, j'ai travaillé pendant 6 ans chez Merrill Lynch. J’avais étudié la finance en cours du soir, mais je n’avais jamais pratiqué. Pourtant cette banque m’a donné ma chance, chose qui n’aurait sans doute pas été possible avec des institutions plus européennes. Cela s’explique notamment par le fait que les boîtes américaines engagent plus facilement… mais licencient plus facilement également ! A mon retour en Belgique, je ne trouvais pas ce que je voulais sur le marché du travail et j’ai donc décidé de lancer ma propre boîte. On peut dire que je suis devenu entrepreneur malgré moi (sourire).
Peux-tu nous en dire plus sur ton aventure entrepreneuriale ?
La particularité de mon projet est qu’il a été revendu le jour de sa création à la banque Degroof Petercam. Je lançais mon propre projet en sachant qu’il allait être racheté à des conditions (pas un prix) qui avaient été définies à l’avance. Ça été formidable et un de mes plus grands plaisirs de rembourser le financement qu’ils m’avaient octroyé. J’ai fini par vendre mes activités à la banque et j’en suis devenu un des directeurs.
Que retires-tu de tes expériences en tant que salarié et d‘entrepreneur ?
Que dans la vie, il y a des gens qui t’impactent fortement. Pour ma part, ça été mes anciens patrons. Certains m’ont appris à avoir des standards, d’autres m’ont laissé plus de liberté ce qui m’a permis de grandir… ils m’ont tous soutenu, guidé et éduqué. Le dernier d’entre-eux Pierre-Paul De Schrevel, continue toujours à me coacher. Dans la vie tu as besoin de gens qui croient en toi et qui te guident. J’ai eu la chance d’être bien coaché avant de devenir entrepreneur. Quand tu as reçu, tu as envie de redonner et c’est ce que j’ai envie de faire aujourd’hui en tant que business angel.
« J’ai eu la chance d’être bien coaché avant de devenir entrepreneur. Quand tu as reçu, tu as envie de redonner et c’est ce que j’ai envie de faire aujourd’hui en tant que business angel. »
Maintenant que tu es business angel, à quoi fais-tu attention quand tu discutes avec un entrepreneur ?
Je regarde s’ils sont – à défaut d’un meilleur mot- débrouillards. La plupart des entrepreneurs que j’ai rencontrés le sont. Ils ont besoin d’intelligence, d’honnêteté intellectuelle, et de beaucoup d’énergie. Selon moi, un vrai entrepreneur ne fait qu’une seule chose : il avance, peu importe le défi.
Il faut donc que l’argent investi soit mieux utilisé ?
Oui. Je constate qu’une utilisation intelligente des ressources est une des clefs les plus importantes de la réussite. Les recherches montrent que la plupart des entreprises échouent parce qu'elles ont mal calculé le temps et les ressources nécessaires pour arriver à un stade de viabilité. Quand j’ai lancé ma boîte, j’ai commencé avec 20k€ et 180k€ en prêt subordonné. Pratiquement au même moment, une boîte s’est lancée dans le même secteur avec 20M€. Quelques années plus tard, ma boîte valait 5 fois plus que celle-ci… simplement parce que je m’assurais que chaque Euro soit investi correctement. La manière dont tu reçois l’argent affecte très fortement la manière dont tu agiras par la suite. Ce qui est bien avec les business angels, c’est qu’on n’investit pas des sommes astronomiques. De ce fait là, l’entrepreneur choisit mieux comment dépenser chaque euro, car il ne dispose de pas beaucoup d’argent. Le fait d’être maigre est très bon pour la santé… y compris en matière financière !
« Ce qui est bien avec les business angels, c’est qu’on n’investit pas des sommes astronomiques. De ce fait là, l’entrepreneur choisit mieux comment dépenser chaque euro, car il ne dispose de pas beaucoup d’argent. Le fait d’être maigre est très bon pour la santé… y compris en matière financière ! »
Qu’est-ce qui t'a attiré dans l’activité de business angel ?
Je connaissais les business angels depuis pas mal de temps, car j’étais dans le milieu financier. Un de mes collègues était membre du réseau et m’avait conseillé cette activité. Cependant je savais qu’elle était chronophage, et à l’époque je n’avais pas le temps. Mais ça m’est resté en tête… une fois que j’ai eu le temps, je me suis lancé.
Pourquoi souhaites-tu investir ton argent dans des projets entrepreneuriaux ?
Tout d’abord, car je souhaite continuer à apprendre. Il y a une belle expression qui dit « If you're not busy being born, then you're busy dying ». L’activité de business angel te force à aller profondément dans les choses : tu ne fais pas que parler, tu investis tes sous et tu es engagé. In fine être business angel c’est se dire : j’ai moins de ressources donc je vais allouer plus de temps, d’énergie et d’intelligence.
Que penses-tu de la formule du groupe qui permet à la fois d’investir tout en apprenant (BAC)?
Le groupe te permet de bénéficier de l’intelligence collective et des points de vue différents. Cela te force à avoir une certaine discipline, car on est responsable envers d’autres. C’est idéal pour commencer. On investit 15k€, ce que je trouve très bon marché pour toute l’expérience qu’on a pu acquérir. Tes professeurs sont tes coachs, mais aussi tes collègues, car ils investissent dans les mêmes projets que toi. C’est ce qui m’a attiré et que j’apprécie beaucoup. Je suis fan !
* Nous lançons un prochain groupe en septembre. Nous organisons une dernière séance d'info le 6 septembre. Rejoignez-nous!
Quels sont tes conseils pour devenir business angel ?
La condition sine qua non est de maîtriser son temps. Si vous ne le maîtrisez pas, ne devenez pas business angel. En tant que business angel on accepte d’investir de plus petits montants en contrepartie de donner de son temps. Il faut également avoir envie d’apprendre … car vous allez apprendre beaucoup !