C’est le rêve de tout entrepreneur : découvrir une technologie capable de changer le quotidien de millions de personnes dans le monde. Mais comment structurer son projet ? Comment s’entourer ? Quels contacts prendre pour inspirer confiance et atteindre son plein potentiel ? C’est tout cela que Thomas Donck, Business Angel au sein réseau Be Angels, a souhaité apporter à Aquilon Pharma en 2014, alors jeune spin-off de l’Université de Liège. Aujourd’hui Aquilon Pharma a quitté le nid et vole vers un avenir très prometteur. Avec Paul Maes et Damien Thiery, respectivement CEO et Chief Development Officer d’Aquilon Pharma, il revient sur la contribution de BeAngels au parcours de la start-up biotech.
BeAngels : Aquilon Pharma , c'est quoi ?
Damien Thiéry (CDO d’Aquilon Pharma) – Aquilon Pharma développe quelque chose qui aujourd’hui n’existe pas : un complexe technologique qui permet de maximiser l’effet de certaines molécules sur des pathologies respiratoires comme l’asthme ou la bronchite chronique. Une solution à très haut potentiel.
BeAngels : Vu le potentiel d’un tel remède, comment se fait-il que des grands acteurs pharmaceutiques ne se soient pas penchés sur cette technologique plus tôt ?
Paul Maes (CEO d’Aquilon Pharma) – Bonne question… J’imagine que cela peut s’expliquer par un manque d’intérêt technologique lié à une crainte de perturber un marché stable et… très profitable.
BeAngels : Thomas Donck, qu’est-ce que vous a séduit chez Aquilon Pharma ?
Thomas Donck (Business Angel chez BeAngels) - Quand, en 2014, Paul et un de ses collègues sont venus présenter Aquilon Pharma au Forum d’investissement de BeAngels, j’ai d’emblée été séduit. Bien-sûr par la qualité de l’équipe et l’énorme potentiel du projet. Mais par ailleurs, il s’agissait d’un des premiers dossiers « biotech » à se présenter chez BeAngels, ce qui correspond à mes centres d’intérêt et à mon parcours. Enfin, la spin-off était confrontée à des défis auxquels je pensais pouvoir apporter ma pierre…
BeAngels : Thomas Donck : quels étaient ces défis ?
Thomas Donck – Il fallait donner au projet les moyens adaptés à son potentiel. Plus concrètement, il fallait structurer l’équipe et le projet pour aller dans le marché et intéresser de nouveaux investisseurs. L’objectif était de permettre au projet de sortir d’une logique universitaire pour entrer dans une logique industrielle.
Paul Maes – Le mode de travail « Lean » qui était mis en place au sein de l’Université, ne permettait pas d’en tirer son plein potentiel. Thomas nous a aidé à structurer notre projet, à sortir du cocon de l’université en renforçant l’équipe et en la crédibilisant, notamment avec l’arrivée de Frank Pieters, une sommité en matière de maladies respiratoires. Cet accompagnement nous a permis de rendre le projet plus crédible aux yeux de futurs investisseurs et donc de le faire avancer.
BeAngels : Une fois, Aquilon Pharma soutenu par BeAngels, comment le projet a-t-il évolué ?
Paul Maes – Grâce à un subside de la région wallonne et à une première levée de fonds via BeAngels, nous avons pu sortir de l’université et lancer notre société en 2016. Nous sommes parvenus à réunir une équipe combinant à la fois une forte expertise et un carnet d’adresses kilométrique. Ces profils plus expérimentés ont pu accompagner des chercheurs plus jeunes. Nous avons donc pu commencer à faire nos propres recherches, sans passer par des laboratoires externes. Cela a donné un coup d’accélérateur au projet et nous a permis d’entrer dans la logique industrielle dont parlait Thomas.
BeAngels : A quel stade de son développement se trouve Aquilon Pharma ?
Damien Thiéry – On entre dans la phase 1 et 2A, celle des essais cliniques chez l’homme. Ces tests nous permettent de solliciter l’avis de l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) et du comité d’éthique du CHU de Liège. Si les avis sont concluants, nous pourrons faire breveter la formule et entamer la commercialisation pour une sortie prévue en 2025.
BeAngels : Pratiquer des essais cliniques coûte très cher, comment avez-vous pu les financer ?
Damien Thiéry – Grâce à plusieurs nouveaux « tours de table ». D’abord en 2017 auprès des investisseurs initiaux. Fin 2018, nous sommes passés à la vitesse supérieure avec une levée de fonds qui a atteint 6,6 millions d’euros. BeAngels via son fonds ScaleFund I nous a non seulement refinancé à hauteur de 1,2 millions d’euros mais nous a aidé à rassembler de nouveaux investisseurs publics et privés dont Sambrinvest. Etant partenaire de différents invests régionaux, Sambrinvest a pu – outre ses capitaux – nous mettre en relation avec de nouvelles compétences, des réseaux, des nouveaux fonds…
BeAngels : Thomas, en tant que Business Angel, quel est votre rôle dans ce trajet de capitalisation ?
Thomas Donck : Dans le cadre d’un tour de table, les membres de BeAngels qui entrent au capital de projets que nous soutenons, est de conseiller les porteurs de projet dans la préparation de ces levées de fonds en les aidant à rendre leur projet attrayant et intelligible par d’autres investisseurs potentiels pour de futurs tours de table.
Paul Maes : le soutien de Thomas et de BeAngels dépasse de loin la capitalisation. Je reçois beaucoup de conseils de leur part mais aussi beaucoup de questions ! Cela contribue à un climat de confiance mutuelle. Grâce à cette confiance, Thomas et BeAngels m’aident à obtenir des contacts à des très hauts niveaux : fonds d’investissements et autres investisseurs. Cette confiance créée par les Business Angels produit une émulation positive au sein du réseau.
BeAngels : Paul, Thomas est-il un Business Angel fort présent ?
Paul Maes (CEO d’Aquilon Pharma) Thomas s’investit beaucoup dans ses projets. Mais sa grande qualité est de se faire discret sur l’opérationnel et de répondre présent lors des moments critiques. La relation de confiance permet notamment de tenir des conseils d’administration très proactifs et efficaces. Cette faculté à faire confiance et à aplanir les angles est une grande qualité que l’on rencontre beaucoup chez les membres de BeAngels.
BeAngels : Comment arrive-t-on à créer une telle relation de confiance ?
Thomas Donck : Principalement grâce à une communication régulière et à de la transparence dans nos échanges. Personne n’a d’agenda caché. Cela entretient la confiance et le respect mutuels.
BeAngels : Quelles sont les qualités et les défis d'Aquilon Pharma en tant que start-up ?
Thomas Donck : très clairement, un immense atout d’Aquilon Pharma est son équipe. L’équipe opérationnelle, c’est primordial. Paul a réussi à attirer des talents formidables.
Concernant les défis, je pense qu’il s’agit principalement de faire comprendre aux investisseurs qu’Aquilon Pharma a une solution qui vaut de l’or, de démontrer la plus-value de la molécule contre l’asthme et la bronchite chronique.
BeAngels – entre ses capitaux, son expérience et son réseau, classez par ordre d'importance ce que vous apporte votre Business Angel.
Paul Maes (CEO d’Aquilon Pharma) - L’apport en capital est évidemment essentiel. Mais ce qui a fait la différence, c’est la confiance et le respect mutuel. Cela ne se trouve pas partout. Quand on a des investisseurs privés ou que l’on est côté en bourse, c’est très difficile choisir son moment pour annoncer des mauvaises nouvelles. Avec Thomas et les autres investisseurs, on ne craint pas d’aborder ces questions quand il le faut. A chaque mauvaise nouvelle, on sait qu’on va pouvoir l’aborder sereinement et travailler au plus tôt à une solution. Et au plus tôt on l’adresse, au plus vite, on s’en sort.
BeAngels – Paul, pouvez-vous compléter cette phrase : « Sans votre Business Angel », les choses seraient...
Paul Maes : Très différentes. Je pense par exemple que ne n’aurions pas pu sortir Aquilon du cocon de l’Université sans leur aide. Ce qui a fortement contribué à notre démarrage.
BeAngels – Pour Aquilon Pharma : quel est le meilleur conseil que votre Business Angel vous ait donné ?
Paul Maes : D’arrêter de fumer (rires). Si on arrivait à financer la boîte, j’arrêtais. On y est arrivé, j’ai arrêté… au moins quelques temps (rires).
BeAngels – Thomas, quel est le conseil que vous lui donnez le plus ?
Thomas Donk : De manière générale, de prendre du recul. Quand on est entrepreneur, c’est plus facile à dire qu’à faire (rires). Mais en écoutant de manière attentive les personnes qui vous entourent de près mais aussi de plus loin, on contribue à entretenir de la confiance, mais aussi du respect.
BeAngels – Paul, quelle est la question que vous posez le plus à Thomas, votre Business Angel ?
Paul Maes : « Quand est-ce que vous remettez de l’argent ? » (Rires). Plus sérieusement, je fais régulièrement appel à ses connaissances en matière de gouvernance où il est très compétent.
BeAngels – Est-ce que vous avez déjà parlé d'exit ?
Paul Maes – On en parle tout le temps mais l’exit n’est pas un objectif particulier à court terme. On est conscient que l’on a de l’or dans les mains, on ne doit donc pas lâcher le projet demain.
Thomas Donck : On évalue les choses au fur et à mesure. Notamment dans le cas où un gros investisseur entrerait dans le capital mais on n’en est pas là…
Plus d’infos sur Aquilon Pharma : https://aquilonpharma.com/en/